La voie romaine

MARNES ET LA VOIE ROMAINE…

A Marnes, l’un des vestiges majeurs du début de notre ère est la voie romaine Poitiers-Nantes…
Les Romains l’avaient bien compris : pour gérer au mieux les territoires conquis (certaines régions sont d’ailleurs encore trop souvent agitées à leur goût…), il était nécessaire de pouvoir rallier au plus vite les plus grands centres urbains pour transmettre les informations mais aussi pour faire circuler les troupes…

Ils eurent donc l’idée de développer et/ou de créer de grands axes routiers solides, de qualité..
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Depuis près de 2000 ans, un grand axe routier traverse le village de Marnes…
Témoin invisible à ce jour de la puissance de l’Empire Romain, la voie romaine qui traverse le bourg de Marnes fut construite au tout début de notre ère. Elle permettait de relier facilement la ville de “Limonum” (Poitiers) à celle de “Portus Namnetum” (Nantes). Dans le bourg d’Ension (Saint-Jouin de Marnes), une branche s’échappait de la voie pour rejoindre la ville de “Juliomagus” (Angers)

Toutes ces voies nous sont parvenues sur une copie d’un document unique : la Table de Peutinger…
La “Tabula Peutingeriana” est, pour l’historien, un important document cartographique. Il s’agit d’une copie médiévale d’une très ancienne carte représentant les zones habitées à l’époque romaine. La datation du document originel (quoique très incertaine) remonterait au milieu du IVème siècle après JC. L’oeuvre est composée à l’origine de douze feuilles de parchemin attachées entre elles et formant un rouleau de près de sept mètres de long pour 34 centimètres de haut.

La légendaire Ségora…
En consultant la Table de Peutinger, pour notre région, on constate qu’entre Limonum (Poitiers) et “Portus Namnetum” (Nantes) est indiqué le nom de “Ségora”… ! Etait-ce une ville ? Une simple halte ? Toujours est-il que sa présence sur la carte en fait le point le plus important sur cet axe routier ! SEGORA a fait couler beaucoup d’encre ; beaucoup d’archéologues se sont creusés la tête pour essayer de retrouver cette ville perdue… Et s’il s’agissait tout simplement de l’actuelle ville de la Séguinière, tout près de Cholet ? Les dernières recherches semblent confirmer cette hypothèse..

Quand la voie romaine devient le “Chemin de Saint-Hilaire”…
Le développement du Christianisme s’opère avec la chute de l’Empire Romain. Pour imposer en douceur leur religion et leurs traditions, les chrétiens ont une technique infaillible : utiliser les lieux de culte païens existant et les transformer progressivement pour le compte des chrétiens.
Deux hommes se partagent la christianisation du Poitou : ils se nomment Martin et Hilaire. Ils vont passer leur vie à parcourir les chemins de nos campagnes pour prêcher la bonne parole. Saint-Hilaire avait tellement l’habitude d’emprunter la voie romaine Poitiers-Nantes que les Poitevins ont donné à cette voie le nom de “chemin de Saint-Hilaire”

L’aviation au service de l’archéologie…
Pour repérer les tronçons de voie romaine disparue, rien de telle que le repérage aérien. Le sol de nos campagnes a la mémoire solide ! Il garde au fond de lui bien des traces que la plupart de nos proches aïeuls n’ont même pas connues ! La photographie aérienne est aujourd’hui le complice de tout archéologue : elle lui permet de faire les premiers repérages, d’estimer l’importance d’un site…
Ci-dessous, cette photo représente les traces d’anciens chemins, de limites foncières, dans la plaine de Marnes. Qui aurait pu l’imaginer à hauteur d’homme ?…

Etude de la voie romaine à Marnes…
Au milieu du XIXème siècle, un archéologue Poitevin, Charles Arnault, entreprend l’étude des voies antiques dans notre secteur. Il écrit de nombreux articles à ce sujet et entreprend de nombreux fouilles. L’une d’elles le conduit au lieu-dit “La Cueille de Marnes”. Une coupe de terrain est faite au niveau de la voie romaine autour de l’année 1860 : elle mettra en évidence le pavage calcaire de la voie, ses différentes couches de constructions, sa marge et ses fossés d’assainissement… L’ensemble est relativement bien conservée !

La voie romaine aujourd’hui…
La voie romaine suit en fait de très près le tracé de l’actuelle route départementale ; ce qui dans un sens la protège de facon quasi-optimale. En effet, les aléas des remembrements nous font parfois craindre le pire pour tous ces vestiges devenus “souterrains”. Récemment, un tronçon de la voie romaine Poitiers-Nantes est devenu “labourable” dans une commune voisine ! Il est évident qu’une telle situation ne va pas participer à la conservation de ce monument plus que millénaire…